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Gérard Buscher (technicien français) : «Un poste à redéfinir»

« Mise à part les pros, la fonction d’un directeur technique des jeunes consiste à s’occuper des autres équipes de la catégorie école A à celle de l’élite en passant par l’académie du club. Il met en place la politique de la formation du club. C’est lui qui fait la programmation des entraînements de toutes les équipes tout en assurant le suivi technique à travers des réunions périodiques avec les entraîneurs. Il doit savoir déléguer la responsabilité des différentes catégories à des techniciens formateurs chargés d’appliquer la politique de formation, chacun au niveau de la catégorie d’âge dont il est responsable.
Le directeur technique pilote également la cellule de recrutement du centre. Ne pas s’ingérer dans les affaires de l’équipe première n’empêche pas le directeur technique des jeunes de travailler de pair avec l’entraîneur des seniors. En effet, l’entraîneur de l’équipe première peut demander, 48 heures à l’avance, de faire jouer deux à trois jeunes pour les besoins de leur intégration chez les pros.
En Tunisie, j’étais directeur technique à l’EST pendant trois ans. Quand j’étais manager général à l’ASM pendant une année et demie, je me suis occupé également du centre de formation et de l’académie des jeunes. J’ai constaté qu’en Tunisie, on a tout pour réussir, mais malheureusement, on fait tout de travers. Chaque entraîneur fait à sa guise puisqu’il n’y a pas généralement de ligne conductrice. De plus, les recrutements sont faits par les dirigeants alors qu’ils doivent être faits par la cellule du recrutement du centre de formation.
Le directeur technique est censé être le patron, voire le seul maître à bord du centre de formation et doit juste, comme je l’ai dit, travailler de pair avec l’entraîneur des pros pour faire seulement jouer les jeunes pour les besoins de l’équipe première.
En Tunisie, on ne sait pas trop à quoi servent réellement les centres régionaux, ni pourquoi la fédération ne définit pas une politique nationale de formation à faire appliquer au niveau de tous les centres des jeunes du pays. A ce jour, il n’y a pas un programme de formation clair et bien défini à l’échelle nationale.
Au fait, on a tout pour réussir en Tunisie, mais rien n’est mis en place d’une manière claire et structurée. Directeur technique des jeunes est un poste à définir. Pour ce faire, il faut penser à établir un diplôme fédéral de directeur technique des jeunes pour les techniciens qui ont occupé le poste pour une année et demie au moins. La fédération doit penser aussi à réunir tous les six mois les directeurs techniques des jeunes qui sont en exercice pour des séminaires de recyclage.
Au niveau des centres des clubs, il faut mettre fin à toutes les formes d’interventionnisme. Quand j’étais à la tête du centre de formation de l’EST, j’ai interdit aux parents l’accès au terrain et j’ai remis de l’ordre dans le recrutement alors qu’auparavant chaque responsable d’équipe faisait ses propres recrutements sachant que ce genre de pratiques ne sont pas propres à l’EST. C’est pareil dans tous les clubs tunisiens. Ici, on ne fait pas de rapports d’activités et le travail au niveau des jeunes se fait d’une manière anarchique. On entraîne les jeunes non pas pour les former mais pour gagner des titres. C’est pourquoi on ne laisse pas les meilleurs éléments accéder à la catégorie supérieure de peur de perdre un championnat et se faire renvoyer.
Concernant les structures de formation et hormis les grandes équipes comme l’EST, l’ESS ou encore l’ASM qui a rectifié le tir ces dernières années, disposant de nombre suffisant de terrains, le reste des clubs tunisiens n’ont pas les structures adéquates pour la formation des jeunes. Il n’est pas normal que quatre équipes s’entraînent sur le même terrain, qu’il n’y ait pas de vestiaires où les gamins puissent se changer et se doucher. Du coup, on ne peut même pas faire du briefing ni s’entraîner convenablement. C’est en permettant aux jeunes de se changer aux vestiaires, d’assister à un briefing et de se doucher après chaque entraînement, qu’on les forme pour devenir des footballeurs professionnels. Cela ne peut se faire que si les centres de formation sont dirigés par des directeurs techniques diplômés et dont la fonction et le rôle sont bien définis. Cela explique pourquoi on ne trouve pas des joueurs tunisiens dans les grands clubs européens comme c’est le cas pour les Algériens ou les Marocains ».

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